vendredi 26 octobre 2012

La douleur angevine, encore et toujours...



Les demandeurs d'asile d'Europe et d'Afrique ainsi que les sans abris d'Angers se rassemblent SAMEDI 27 OCTOBRE à 14H00 à la gare St LAUD à Angers  et marcheront sur la préfecture pour réclamer  des hébergements pour tous ainsi que prévu par le droit.

Vous trouverez ci-dessous un texte d'appel à soutien :

La douleur angevine, encore et toujours...

Que celles et ceux qui ont cru que le changement c'était maintenant se le disent : rien n'a changé à Angers pour les sans-abris, les Roms et les demandeurs d'asile !

Tandis que que notre ami Fred Moriou, SDF et animateur d' « Amalgame », nous a quittés il y a peu, tué par la misère et la rue, tandis que le 115 est toujours saturé, tandis que les Roms roumains se préparent, en famille, à passer un deuxième hiver dans leur campement de fortune, sous un pont près d'Espace Anjou, tandis que des dizaines de migrant-e-s sont à la rue et dorment devant la gare Saint-Laud, la mairie, le conseil général et la préfecture rivalisent de cynisme et d'hypocrisie : murant sans relâche des maisons vides, coupant dans les budgets de l'Aide sociale à l'enfance, niant les principes les plus élémentaires du droit et méprisant les étrangers.

A la gare, la situation est critique, depuis plus d'un mois, des hommes, des femmes, des enfants, des malades, sont à la rue, sans aucune perspective. Ils et elles viennent d'Albanie, du Kosovo, de Roumanie, d'Afrique... mais aussi d'Angers. Certaines personnes trouvent un refuge ponctuel et précaire chez des ami-e-s. Quelques familles migrantes, et uniquement des familles, sont relogées au compte-goutte à l'hôtel. La police met tout en oeuvre pour empêcher que les gens se rassemblent à la gare. Peu importe que des dizaines de personnes dorment dehors chaque nuit, le tout est qu'elles soient isolées, cachées, invisibles. Que les gens se retrouvent ensemble à la rue et que ça se sache, c'est là la seule crainte de la préfecture, du Conseil général et de la mairie. Éviter à tout prix que le problème - et donc leur responsabilité - ne devienne visible, voilà leur seule et unique préoccupation. 

Il est temps de se mobiliser ensemble pour exiger un logement digne et pérenne pour toute personne. Peut-être est-il temps aussi, face à l'urgence de dépasser les dérisoires positions de principe et les vieilles querelles du passé afin de se retrouver ensemble sur une revendication essentielle : Un toit c'est un droit!

L'occupation en cours du « lieu Unique » à Nantes, les expériences du CREA  et du GPS à Toulouse, celles de Montpellier ou Dijon font voler en éclat la frontière du "légal/pas légal" comme critère de passage à l'action de la sphère associativo-militante. D'après une camarade de Dijon,  là-bas, même le Secours catholique soutient non seulement les squats mais aussi l'idée de construire des cabanes dans les arbres pour résister à une expulsion de squat... comme quoi tout est possible ! (http://www.cimade.org/nouvelles/3974----Dijon-et-Montpellier--après-des-mois-de-squats---)

Dans un premier temps, des individus et le collectif de soutien aux sans-papiers appellent chacun-e à passer tous les mardis soir de 19h à 23h à la gare, et sans attendre, à communiquer, interpeller chacun-e parmi sa famille, ses proches, les médias, la préfecture, la mairie, etc... sur cette situation. Amenez du thé, du café ou venez les mains vides et le cœur ouvert ; un peu de chaleur humaine, c'est déjà beaucoup.

Même si notre force est de ne pas opposer la situation des précaires français et étrangers, nous sommes conscient-es que des problèmes spécifiques touchent les migrant-e-s, qu'illes soient en demande d'asile, débouté-e-s, sans-papiers ou encore Roms roumain-e-s ressortissant-e-s européen-ne-s.

Pour les Roms roumains que nous connaissons depuis le "48" :
L'accès aux soins est toujours aussi difficile, l'AME ("la sécu des sans-papiers") et la CMU leur sont systématiquement refusées, pas d'aide non plus du Conseil Général  au titre de l'enfance en détresse... ni du CCAS, qui refuse de les domicilier au motif qu'ils "ne peuvent justifier de liens avec la ville d'Angers"

... Assurément, vivre à la rue depuis 4 ou 5 ans dans cette ville, la connaître comme sa poche, y voir grandir ses enfants, y voir souffrir et vieillir ses proches, crier avec des sans-abri de tous les horizons "un toit c'est un droit", manifester aux côtés des salariés angevins pour les retraites, occuper des maisons laissées vides par la mairie aux 4 coins d'Angers, résister à la police sur le toit d'un immeuble à une expulsion illégale, défiler déguisé pour le carnaval et applaudir aux accroche-coeurs, témoigner lors d'un rassemblement pour les droits des Roms à l'appel d'associations angevines (souvenez-vous, l'appel "contre la xénophobie d'Etat"...), essayer en vain d'obtenir des rdv à pôle emploi, passer des entretiens d'embauche pour ramasser les pommes et se voir refuser le travail pour cause de "difficultés administratives", serrer la main d'un bon paquet de notables hypocrites de la mairie, la préfecture ou du conseil général, répondre aux éternelles questions des journalistes "mais, en fait, que cherchez-vous ici ??"

....Assurément tout cela témoigne l'attachement de ces Rroms roumains avec la ville d'Angers et sa population depuis des années, et de leur volonté acharnée de défendre leur dignité, et ce, même dans la misère la plus implacable. Ainsi, plus que jamais isolés et privés de tout sauf des visites de police, les Rroms avec qui on a tant partagé depuis le "48" continuent à organiser leur survie en attendant des jours meilleurs...

Pour les demandeurs d'asile :
La domiciliation des primo-arrivants par la plateforme "Espace accueil" (en charge de l'orientation des demandeurs d'asile à Angers) reste problématique, car soumise aux capacités de logement sur le département, capacités structurellement déficitaires. La domiciliation par EA est ainsi devenue depuis 4 ans le moyen pour la préfecture de réguler le flux de demandeurs d'asile à Angers, en d'autres termes de les faire dégager ailleurs, un peu ou beaucoup plus loin, peu importe, tant qu'ils quittent le Maine-et-Loire...
Petit rappel : sans domiciliation, pas de possibilité de déposer une demande d'asile et donc de bénéficier des conditions matérielles d'accueil, possibilité par contre de se faire embarquer à tout moment puisque les personnes sont officiellement sans-papiers...

Pour les SDF français et immigrés hors demandeurs d'asile :
Leur situation déjà précaire s'est dégradée à partir de 2007 quand le gouvernement sous prétexte d'insertion et d'accompagnement durable a fermé nombre d'hébergements d'urgence. Comme parallèlement le budget des hébergements d'urgence pour les demandeurs d'asile ( HUDA) ont été diminués de 47% pour 2008, la préfecture a dirigé les demandeurs d'asile vers l'accueil d'urgence de droit commun c'est à dire le 115... pour devenir systématique dans les années suivantes. Nous avions alertés la préfecture dès 2010 sur la dérive raciste que cela pouvait entraîner chez les SDF se sentant exclus par les « étrangers » ; les pouvoirs publics ont, par le fait, alimenté la stigmatisation de l'étranger encouragée par des politicards démagogues. Nous le répétons avec force : les demandeurs d'asile ont leur propre structure d'accueil et ne devraient pas avoir recours au « 115 »


Le droit d'asile, le droit au logement et les droits de l'homme selon le pouvoir :
Tout ce qui précède constitue évidemment une violation totale du droit, mais à quoi bon invoquer le droit face au préfet puisque les tribunaux eux-mêmes l'ignorent superbement ? Le nouveau préfet lors d'une réunion avec les associations a affirmé qu'il n'allait pas laisser à la rue des français pour héberger des étrangers fussent-ils demandeurs d'asile alors que 60 migrants sans-abris s'étaient mobilisés devant la préfecture à l'occasion de cette entrevue..  Français ou étrangers personne ne peut être laissé à la rue. C'est inscrit à l'article 543 du Code d'Action sociale et des familles ; Le 10 février de cette année le Conseil d'Etat a consacré l'hébergement d'urgence comme 22ème liberté fondamentale. L'hébergement pérenne des demandeurs d'asile l'était déjà comme corollaire du Droit d'asile et dans le droit communautaire européen depuis 2003 par la directive « Accueil ». C'est donc au mépris de ces deux libertés fondamentales que le Tribunal administratif de Nantes vient de refuser, les 17 et 18 de ce mois, l'obligation d'héberger à une vingtaine de demandeurs d'asile dont des familles avec enfants.


Devant cette dégradation des conditions de vie des uns et des autres, devant cette volonté des pouvoirs en place de dresser français et étrangers les uns contre les autres nous ne pouvons plus tolérer ces manquements aux droits humains fondamentaux. La loi aussi imparfaite soit-elle existe et nous devons être nombreux à exiger qu'elle soit appliquée et cela commence devant la gare aux côtés des demandeurs d'asile-SDF.

Un toit pour tous, c'est un droit !
Préfecture, hors la loi !
Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend !