mardi 15 novembre 2011

La force des convictions contre l'usage de la force

 
Face au refus manifeste et obstiné de la part de la Police, les personnes sans abri qui avaient l'habitude, bien malgré elles, de « s'abriter « devant la gare, se sont vues hier soir, lundi 14 novembre, obligés de trouver un lieu de protection dans un bâtiment désaffecté de l'ancienne école, Notre Dame de l'Esvière (rue de l'Esvière, dans le quartier, non loin de l'Eglise Saint Laud et de la Caserne des Pompiers).

En effet, entre 20h et 22h30, ces personnes, la plupart des demandeurs d'asile, ont observé une réelle présence policière avec environ 3 voitures stationnées et entre 4 et 8 policiers en uniforme. Autour de 22h, la pression s'est faite plus forte et le groupe de personnes s'est quelque peu disloqué. Une partie du groupe avait voulu rejoindre l'abri de fortune que constituaient les halls et les devantures des espaces commerciaux qui jouxtent l'entrée de la gare. Elles ont été délogées immédiatement et ont assisté à la formation d'un cordon policier pour les empêcher de dormir dans ces lieux pourtant devenus familiers.

S'abriter du froid, protéger ses enfants, subvenir aux besoins élémentaires tel que se nourrir et pouvoir se reposer... autant de besoins fondamentaux qui ne sont pas satisfaits dans la mesure où ces personnes sont en instabilité permanente et voulue ; et doivent de plus affronter un harcèlement, moral et physique, aussi indigne que délibéré.

Bien que, déjà dans une situation des plus vulnérables, on tente de leur retirer le peu de dignité et de respect qu'ils seraient en droit d'attendre ou d'espérer. Celles et ceux qui sont parvenus jusqu'ici, aux termes d'un parcours chaotique, souvent éprouvant, parfois cruel... se voient condamnés à l'invisibilité... à la limite de la non existence par les pouvoirs publics!
Les élus qui ont demandé une répartition des flux plus équilibrée entre les préfectures de département doivent aujourd'hui s'interroger sur les différentes réponses qui peuvent être données. Il est fort étonnant de constater qu'une semaine à peine après avoir rencontré le Ministre de l'Intérieur, des fourgons de CRS sont venus stationner devant la gare. Le prétexte invoqué est une recrudescence des cambriolages en périphérie d'Angers. Des contrôles d'identité ont été réalisés et des personnes priées de ne pas rentrer en contact avec les demandeurs d'asile présents à la gare; la gare est sans doute devenue pour justifier cette débauche de moyens dissuasifs, une « pépinière.de monte en l'air » qu'il s'agit de réprimer ou au moins d'intimider. Cet après-midi, ce sont les CRS qui contrôlaient, rue Hanneloup, à deux pas de la préfecture des étrangers...

Aucun cambrioleur n'a été arrêté mais, par contre, nos camarades de RESF35 nous signalent des arrivées de demandeurs d'asile venant d'Angers au Centre de rétention administratif... Il y en aurait trop à Angers; comparons avec Rennes et ses quelques trois cents demandeurs d'asile à la rue, à Dijon et ces 600 demandeurs d'asile à la rue recensés par La Cimade de cette ville. Trop de coïncidences font dire à certains mauvais esprits qu'une nouvelle étape est franchie dans la violation du droit d'asile....

La résolution d'une telle situation ne peut consister à la déplacer ni même à vouloir la dissimuler. Comment imaginer des réponses alors que la question est mal posée. Il sera toujours aisé d'évoquer des coupes budgétaires et des questions de gestion et d'accompagnement. Cependant, il paraît évident que le respect du droit d'asile et les droits humains doit constituer une priorité, et primer sur les autres contraintes qu'elles soient administratives et financières; à moins d'appeler un chat, un chat et de reconnaître que les marchés financiers gouvernent le monde, que les agences de notation sont leurs prophètes et que nos gouvernants sont leurs dévoués exécutants.


Il ne s'agit pas de chiffres, de statistiques, de flux ou de quotas. On ne parle pas ici de bétail ou de marchandises qu'on pourrait déplacer. Il s'agit de familles, de couples, d'hommes seuls, d'enfants en bas âge qui continuent d'avancer, de survivre avec une détermination intacte. Ils sont dignes et l'Etat français, le gouvernement actuel est indigne en leur refusant l'accueil qui leur est dû

Par notre indifférence ou pire notre acceptation fataliste du sort qui est fait à nos compatriotes en humanité, nous risquons de perdre l'essentiel: le respect de nous-mêmes.
Cela doit nous interroger, nous questionner, nous perturber. Peut-être nous inviter à nous informer davantage, à oser franchir certains pas, certaines limites. Peut-on continuer à parler des droits humains quand il s'agit d'un ailleurs télévisuel et rester aveugles et sourds à ce qui se passe, en France et en Europe actuellement, et notamment ici et maintenant à Angers ???

Qui vous empêche de venir soutenir, même par votre seule présence, les personnes qui ont trouvé refuge dans cette ancienne école. Un peu de présence, des regards amicaux, un soutien matériel, de quoi se nourrir, de protéger du froid... Pour y accéder, rien de plus simple :

Entrée




Bâtiment



Les réquisitions



Ouest France



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