Le 9 juillet dernier, les
maisons réquisitionnées de la rue d'Orgemont, à Angers, ont été
évacuées manu militari. Aucun habitant n'a eu de proposition
d'hébergement, alors que d'autres, notamment les Rroms ont été
forcés de quitter le territoire national en passant par les Centres
de Rétention Administrative. Certes, de nouveaux préfabriqués ont
été posés dans le quartier Saint Serge, à proximité du
Multiplexe Gaumont. A entendre l'équipe municipale, ils auraient
vocation à répondre de manière pertinente à la situation...
Aussi, depuis maintenant
une dizaine de jours, de nouveaux espaces (d'anciens locaux associatifs) ont été ouvert pour
permettre aux uns et aux autres de trouver refuge et ainsi de se
protéger de la rue, de la nuit, de la chaleur.
Dès le 22 juillet,
plusieurs habitants étaient convoqués
au tribunal. Un report a finalement été décidé pour le lundi
29 juillet 2012, à 14h, au Tribunal de Grande Instance.
Une fois encore, force
est de constater les profondes divergences qui existent entre les
visions, d'une part, des « pouvoirs » locaux et
« décideurs » politiques, et d'autre part, des
associations et autres soutiens aux migrants, aux personnes démunies
ou en situation de vulnérabilité sociale. Les manières
d'appréhender ces réalités sont radicalement différentes et
s'opposent sur de nombreux points.
Depuis de trop nombreuses
années maintenant, des dizaines de personnes, plusieurs dizaines
voire centaines de personnes sont privées de leurs droits et ne
peuvent s'abriter, être hébergés, ou encore
être accompagnées dans leurs démarches. Sur Angers, les
squats s'ouvrent année après année, se referment et les problèmes
demeurent. Qu'ils soient quelques uns ou plusieurs dizaines, jeunes
et moins jeunes, avec ou sans enfant, adolescents, jeune adultes ou
vieillards, femmes ou hommes, ces personnes doivent bénéficier de
droits que l'on pourrait qualifier d'inaliénables, ce sont les
droits humains fondamentaux.
Que l'on soit rrom,
demandeur d'asile ou nomade, si les difficultés sont différentes,
ils se retrouvent souvent à partager des tranches de vie
quotidienne. Les réquisitions en ce sens permettent de se
« confronter » aux autres, à d'autres cultures, d'autres
représentations, de partager et ainsi de fonder un être-ensemble.
Les 20 et 22 de la rue du
Port de l'Ancre ont ouvert leurs portes pour accueillir ces
« nouveaux » habitants. Ironie de l'histoire, à quelques
pas de là, un ancien squat qui avait accueilli une quarantaine de
somaliens et de soudanais est toujours muré 3 ans après
l'expulsion. Comme quoi la notion d'urgence pour récupérer un bien
immobilier ne doit pas avoir la même signification pour tout le
monde.
Les
élections municipales approchent... L'équipe municipale, si elle
avait osé, aurait pu afficher dans son bilan « zéro
personne à la rue à Angers »; mais cela nécessite
d'avoir le courage d'aller à contre courant de la xénophobie si
largement répandue sous Sarkozy et poursuivie sous Hollande. Ce qui
est plus grave et sans doute plus inquiétant, c'est qu'à droite
comme à gauche, cette politique n'a qu'un objectif : celui de
séduire sans doute un certain électorat.
Chacun de nous a le
devoir de s'exprimer sur cette question. Est-il légitime de laisser
ces personnes à la rue ? Est-il pertinent de ne proposer que des
préfabriqués en guise d'hébergement et d'oublier toute dimension
individuelle et sociale ? De les stocker
comme des « paquets de viande » entre 9h du soir et 7h du
matin ? Peut-on continuer de laisser faire et de ne pas agir
davantage ? Certains font des choix et s'engagent, d'autres sont
absents, sourds et aveugles, d'autres encore n'osent y croire et
doutent...
Qu'importe, l'information
doit passer. C'est un premier pas...
Rendez-vous lundi 29
juillet, à 14h,
Au Tribunal de Grande Instance, à Angers
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