Hier en fin de journée,
un groupe d’hommes et quelques femmes bavardent devant l’ancien
squat Victor Hugo. Une question inquiète est posée : le lieu doit
fermer le 30 juin, les femmes savent qu’elles doivent partir,
personne ne leur a dit où. Ils et elles craignent qu’elles se
retrouvent à la rue.
Ce squat ouvert en juin
2013 par des membres de No Border, qui accueillait plus
spécifiquement des femmes et qui était sous le coup d’un jugement
d’expulsion depuis décembre, a été repris il y a un mois par
Solid’R, une association d’insertion qui gère déjà un CHRS
(Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale), à la demande
de l’État. Le préfet du Pas-de-Calais a annoncé aux associations
et à la presse le 18 juin que la maison de l’avenue Victor Hugo
serait rendue à sa propriétaire le 30 juin, et que le dispositif
d’accueil serait pérennisé jusqu’à octobre dans un autre lieu.
Silence par contre par rapport aux nouvelles conditions d’accueil.
Cinq jours avant le déménagement, les principales intéressées ne
savent toujours pas à quoi s’en tenir.
En terme de taille
l’ancien squat est une maison qui conviendrait à un couple plutôt
modeste avec enfants. Quand les discussions ont commencé entre les
associations, la préfecture, des membres de No Border et Solid’R à
la fin de l’hiver, elle accueillait une trentaine de femmes et
d’enfants. Quand Solid’R a repris les lieux, elle en accueillait
une soixantaine.
Comme le lieu est plein,
des femmes dorment à nouveau dehors. Elles sont entre quinze et
vingt à dormir sur le bitume du lieu de distribution des repas.
No Border avait mis en
place une expérience intéressante d’accueil des femmes exilées à
Calais. À force de bricolage, de mesures à court terme et d’absence
de perspectives, l’État a réussi à ce qu’il y ait à nouveau
des femmes à la rue à Calais.
[Publié le 26 juin 2014
sur le blog Passeurs d'hospitalités]
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