vendredi 4 juillet 2014

Nouvelles de Calais


EXPULSIONS CE MATIN À CALAIS

Les trois squats ouverts par le collectif "Salut ô Toit" et le lieu de distribution des repas occupés depuis un mois par des exilés ont été évacués ce matin. Les militants et journalistes ont été éloignés de manière à ce qu’ils ne puissent pas voir ce qui se passait à l’intérieur du lieu de distribution.

Les personnes sont arrêtées et emmenées dans des bus.

Des places auraient été libérées ces derniers jours dans différents centres de rétention. La perspective semble donc que les expulsions de squats et du campement soient suivies d’expulsions du territoire. Les autorités se serviront sûrement du "dispositif exceptionnel" mis en place à Calais la semaine dernière comme argument pour dire que les personnes qui n’ont pas demandé l’asile à cette occasion peuvent être renvoyées sans inconvénient dans leur pays.

Une violence de plus, qui rappelle la séquence Besson en 2009 et les tentatives de renvoyer les Afghans dans leur pays. Et la répétition de ce qui se fait depuis douze ans.


À distance et derrière les grilles, les bus qui doivent emmener les exilés arrêtés au lieu de distribution des repas.



EXPULSIONS À CALAIS : NOUVELLES INFOS

Une partie des exilés arrêtés ce matin ont été envoyés dans des centres de rétention, Coquelles (près de Calais) environ 40, Lille – Lesquin, le Mesnil – Amelot, près de Paris. Des personnes en rétention à Rennes auraient été transférées dans des centres de rétention du sud de la France pour libérer des places, et une vingtaine d’exilés arrêtés à Calais seraient attendus à Rennes. Des places (180 à 200) sont disponibles dans les centres de rétention de Plaisir, Palaiseau, Rouen, Rennes, Mesnil Amelot, Wassel.

Des mineurs (une cinquantaine, érythréens et soudanais) ont été transférée dans un camp à Boulogne/Mer, d’autre près de Béthune.

Des exilés ont été envoyés à Boulogne et Dunkerque, probablement dans des commissariats.

Une petite cinquantaine sont encore au lieu de distribution des repas, sans qu’on sache pourquoi ils sont encore retenus là.

Trois cent vingt exilés ont été arrêtés selon la préfecture.

Le président de Salam, un membre de l’Auberge des Migrants et un membre de No Border ont été arrêtés placés en garde-à-vue.


EXPULSIONS À CALAIS : ÇA PART EN QUENOUILLE

Vers 18h, plusieurs personnes ont reçu des messages de mineurs emmenés près de Béthune : ils sont en train de revenir à Calais en suivant l’autoroute. Raflés le matin au lieu de distribution des repas, emmenés par la police dans un centre ouvert, ils en sont partis aussitôt et ils en reviennent.

D’autres appels se succèdent, de Boulogne et de Lille : les policiers ont relâchés les gens, ils rentrent à Calais. Vers 19h, nous apprenons qu’un bénévole qui avait accueilli chez lui des exilés mis à la rue a été arrêté à son domicile par des policiers en civil et frappé, devant des témoins, hors de toute procédure légale pour pénétrer chez lui. Les personnes présentes ont été aspergées de gaz lacrymogène. Vers 21h, sa compagne, qui s’était rendu au commissariat, a été arrêtée à son tour. Après les arrestations de bénévoles de ce matin, l’intimidation continue, d’une manière plus brutale et arbitraire.

Plus tard dans la soirée, coups de téléphone de Douai et Valencienne : les bus se sont arrêtés là, les policiers ont dit aux exilés de descendre, « go to Salam » (Salam est le nom que les exilés donnent au lieu de distribution des repas). Ils devraient reparaitre aussi demain à Calais.

Vers 20h, coup de téléphone d’exilés érythréens emmenés à Dunkerque. Ils ont eu une petite bouteille d’eau et un biscuit le matin, ils n’ont rien eu à manger depuis. Privés de leur liberté d’aller et venir à 6h du matin, la retenue administrative durant au maximum 16h, ils devraient être relâchés vers 22h, c’est-à-dire mis à la rue à Dunkerque.

En parlant de privation de liberté, les personnes ont été empêchées de quitter le lieu de distribution des repas à 6h du matin, les dernières d’entre elles ont été emmenées dans les bus peu avant 18h. Pendant ces presque douze heures, quel régime de privation de liberté leur a été appliqué (retenue administrative ? Garde-à-vue – ce qui implique un délit?) et comment ont-elles eu accès aux droits liés à ce régime de privation de liberté ?

Arithmétiquement, si près de 600 personnes ont été arrêtées et qu’il y avait un peu moins de 200 places disponibles en rétention, ça signifie que quelques quatre cents personnes doivent être relâchées. Et vont donc majoritairement revenir vers Calais. Mais il faut aussi être attentifs aux placements en rétention, et aux risques d’expulsion du territoire, notamment vers des pays comme le Soudan, l’Afghanistan, etc…

Les autorités ne savent pas quoi faire des personnes arrêtées, mais la compagnie de gendarmes mobiles reste à son hôtel jusqu’à demain, et quatre compagnies de CRS sont présentes à Calais ce soir. On ne sait donc pas si les violences ne vont pas continuer ces prochains jours avec de nouvelles destructions de campements, aussi absurdes que celle de ce matin.

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