dimanche 20 janvier 2013

Expulsion Programmée du Village (Volet 2)

Communiqué du CSSP49

Il y a quelques jours nous évoquions la situation des habitants du Village confrontée à une éventuelle expulsion en raison de la primauté du droit de propriété sur celui du logement. Aujourd'hui, lundi 7 janvier 2013, la justice a transmis sa décision. Ils ont deux mois pour quitter les lieux.

Dans un post récent, nous mettions en avant l'importance de permettre aux actuels habitants de se mettre à l'abri et ainsi pouvoir mener une vie plus décente, et cela qu'elle que soit leur situation administrative et personnelle.

Les habitants ont besoin avant toute chose de pouvoir se « poser » pour sortir de cette urgence quotidienne. C'est cette incertitude, cette précarité qui est destructrice d'avenir en bornant leur horizon à la survie journalière. Leur vulnérabilité est davantage la conséquence de cette insécurité constante que de la misère elle-même.

Pour les demandeurs d'asile, la précarité de logement se double d'une incertitude administrative. L'Etat Français en refusant les conditions minimales d'accueil (dont l'obligation de logement) est dans l'illégalité complète.

Il va encore plus loin en refusant le maintien sur le territoire en cas de rejet de la demande par l'OFPRA. C'est une violation du droit à un recours juridique effectif contre une décision administrative (droit pourtant inscrit tant dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme que dans la constitution française). Malgré une condamnation de la France par la Cour Européenne de Strasbourg, le 2 février 2012, le gouvernement actuel continue de refuser de considérer le recours à la CNDA comme impliquant le maintien sur le territoire. Conséquence directe pour les demandeurs d'asile, ils sont expulsés de leur logement (pour ceux qui en ont un) et n'ont plus l'accompagnement administratif et juridique des associations officielles. Certains se retrouvent ainsi piégés et ne peuvent user de ce droit au recours effectif qui constitue plus de la moitié des admissions au statut de réfugié. Ils n'ont même plus d'adresse où recevoir leur courrier.

Pour les SDF, le fait de se « poser » et sortir de cette précarité absolue est une condition pour commencer à envisager un avenir. Nous avons proposé à la mairie, en charge de cette population, de tenir une permanence de travailleurs sociaux au « Village » pour ceux qui veulent sortir de la rue.

Pour les Rroms de Roumanie, le discours de Grenoble avait donné le ton et, sous couvert d'humanisme, l'actuel gouvernement continue la même politique, l'hypocrisie en prime. Ils sont européens mais ont encore moins de droits reconnus que les demandeurs d'asile ; en fait, ils n'en ont aucun :

  • passé trois mois, ils doivent justifier de revenus suffisants pour rester sur le territoire mais ne peuvent travailler!!!
  • ne pouvant rester plus de trois mois sans risquer l'expulsion, ils n'ont pas accès aux minimas sociaux et à une couverture médicale.
Ce système absurde perdure et fait du seul peuple historiquement européen, les éternels parias de l'Europe. Là encore, un répit dans la précarité permettrait d'expérimenter des solutions socio-économiques adaptées à leur spécificité...

Des solutions immédiates existent donc pour ces populations et l'argument avancé du coût ne tient pas au regard des gaspillages actuels ; le préfet l'avoue d'ailleurs dans sa volonté d'opposer les populations entre elles. 
 
Mais pour cela encore faut-il une volonté politique. Non seulement il n'y a pas cette volonté des autorités constituées mais c'est l'inverse qui est à l'œuvre, en France et dans toute l'Europe. Dans cette concurrence planifiée entre salariés et sans travail, salariés entre eux, français et étrangers, les SDF et sans droit de toutes nationalités servent d'otages aux gouvernants pour protéger les intérêts des banquiers et des industriels et de bouc émissaire à leur crise. Leur sort plane comme une menace voilée contre toute la population.

Cela ne nous empêche pas de nous battre avec la fraction la plus exposée de la population  pour la défense de ses droits reconnus; même dans le cadre étriqué d'un système qui ne respecte pas ses propres lois ! Et qui sait , grâce à cette union des « damnés de la terre » et à travers les quelques progrès qu'elle aura permis, se dessinera un avenir commun à tous..

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire