Communiqué du CSSP49
Il
y a quelques jours nous évoquions la situation des habitants du
Village confrontée à une éventuelle expulsion en raison de la
primauté du droit de propriété sur celui du logement. Aujourd'hui,
lundi 7 janvier 2013, la justice a transmis sa décision. Ils
ont deux mois pour quitter les lieux.
Dans
un post récent, nous mettions en avant l'importance de permettre aux
actuels habitants de se mettre à l'abri et ainsi pouvoir mener une
vie plus décente, et cela qu'elle que soit leur situation
administrative et personnelle.
Les
habitants ont besoin avant toute chose de pouvoir se « poser »
pour sortir de cette urgence quotidienne. C'est cette incertitude,
cette précarité qui
est destructrice d'avenir en bornant leur horizon à la survie
journalière. Leur vulnérabilité est davantage la conséquence de
cette insécurité constante que de la misère elle-même.
Pour
les demandeurs d'asile, la précarité de logement se double d'une
incertitude administrative. L'Etat Français en refusant les
conditions minimales d'accueil (dont l'obligation de logement) est
dans l'illégalité complète.
Il
va encore plus loin en refusant le maintien sur le territoire en cas
de rejet de la demande par l'OFPRA. C'est une violation du droit à
un recours juridique effectif contre une décision
administrative (droit pourtant inscrit tant dans la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l'Homme que dans la
constitution française). Malgré une condamnation de la France par
la Cour Européenne de Strasbourg, le 2 février 2012, le
gouvernement actuel continue de refuser de considérer le recours à
la CNDA comme impliquant le maintien sur le territoire. Conséquence
directe pour les demandeurs d'asile, ils sont expulsés de leur
logement (pour ceux qui en ont un) et n'ont plus l'accompagnement
administratif et juridique des associations officielles. Certains se
retrouvent ainsi piégés et ne peuvent user de ce droit au recours
effectif qui constitue plus de la moitié des admissions au statut de
réfugié. Ils n'ont même plus d'adresse où recevoir leur courrier.
Pour
les SDF, le fait de se « poser » et sortir de cette
précarité absolue est une condition pour commencer à envisager un
avenir. Nous avons proposé à la mairie, en charge de cette
population, de tenir une permanence de travailleurs sociaux au
« Village » pour ceux qui veulent sortir de la rue.
Pour
les Rroms de Roumanie, le discours de Grenoble avait donné le ton
et, sous couvert d'humanisme, l'actuel gouvernement continue la même
politique, l'hypocrisie en prime. Ils sont européens mais ont encore
moins de droits reconnus que les demandeurs d'asile ; en fait,
ils n'en ont aucun :
- passé trois mois, ils doivent justifier de revenus suffisants pour rester sur le territoire mais ne peuvent travailler!!!
- ne pouvant rester plus de trois mois sans risquer l'expulsion, ils n'ont pas accès aux minimas sociaux et à une couverture médicale.
Ce
système absurde perdure et fait du seul peuple historiquement
européen, les éternels parias de l'Europe. Là encore, un répit
dans la précarité permettrait d'expérimenter des solutions
socio-économiques adaptées à leur spécificité...
Des
solutions immédiates existent donc pour ces populations et
l'argument avancé du coût ne tient pas au regard des gaspillages
actuels ; le préfet l'avoue d'ailleurs dans sa volonté
d'opposer les populations entre elles.
Mais pour cela encore
faut-il une volonté politique. Non seulement il n'y a pas cette
volonté des autorités constituées mais c'est l'inverse qui est à
l'œuvre, en France et dans toute l'Europe. Dans cette concurrence
planifiée entre salariés et sans travail, salariés entre eux,
français et étrangers, les SDF et sans droit de toutes nationalités
servent d'otages aux gouvernants pour protéger les intérêts des
banquiers et des industriels et de bouc émissaire à leur crise.
Leur sort plane comme une menace voilée contre toute la population.
Cela ne nous empêche pas
de nous battre avec la fraction la plus exposée de la population
pour la défense de ses droits reconnus; même dans le cadre étriqué
d'un système qui ne respecte pas ses propres lois ! Et qui
sait , grâce à cette union des « damnés de la terre »
et à travers les quelques progrès qu'elle aura permis, se dessinera
un avenir commun à tous..
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