Une fois encore, les
pouvoirs publics ont eu recours à la force pour « résoudre »
un problème qui se posait à eux. La question n'est pas de savoir
s'il y a suffisamment d'hébergement d'urgence ; la vraie question
porte sur l'accompagnement social. Pour
certaines personnes, notamment les étrangers qui ne maîtrisent pas
ou mal la langue française, le logement doit se coupler d'un
accompagnement social.
Les pouvoirs constitués
veulent contrôler les populations "à risque" à moindre
coût. La mairie d'Angers pérennise l'insécurité sociale des
populations les plus fragiles et c'est bien ce qu'on lui reproche; ce
n'est pas une question financière mais politique et elle choisit
clairement son camp. Plutôt que d'avoir le courage politique
d'envisager des alternatives pérennes pour les sans abris, elle
préfère pérenniser l'urgence et l'insécurité sociale et, pour
les déviants qui refusent l'exclusion, la répression des lieux de
vie qu'ils auront créés.
Répression qu'illustre
une nouvelle fois, l'expulsion du "Village"; ces expulsions
qui ne cessent d'alterner avec les réouvertures de nouveaux lieux de
vie n'ont pour but que déstabiliser l'organisation de foyers de vie
qui échappent aux pouvoirs constitués. Le corollaire est le
terrorisme des interventions; déploiement de forces policières
disproportionnées, usage de chiens, stigmatisation dans les médias.
Pour se justifier de
l'intervention, elle invente des situations chaotiques: amoncellement
d'ordures, bagarres, etc... qui n'existent pas ou plus mais satisfont
l'électeur moyen enfoncé dans ses propres problèmes.
Celui qui s'arrête deux
secondes sur cette spirale de causes à effets pour réfléchir un
peu se rend vite compte qu'une fois mis de côté les mensonges, faux
semblants, mises en scène, ne subsiste que la réalité nue de leur
incapacité de contrôler à la satisfaction réciproque, certaines
populations. Alors ne pouvant les contrôler, on les empêche de
vivre en ce sens qu'on les empêche d'envisager un avenir.
Quand je parle
d'alternative à la question, je ne parle pas seulement du logement
mais tout simplement d'alternatives de vie. La démocratie apparaît
pour ce qu'elle est : la liberté de choisir ceux qui vont dominer
les autres. Choisir son propre maître apparaît comme la limite
ultime du système démocratique; à nous de préparer les conditions
de son dépassement afin que l'individu soit son propre maître;
c'est la définition même de la liberté; cela suppose pour
l'individu comme pour la collectivité dans laquelle il se reconnaît,
d'assumer la responsabilité de cette liberté; Cela suppose
également d'avoir les moyens d'exercer l'une comme l'autre. Les
électrons libres, transcendant les sujétions tant des dominants que
des idéologies, prépare avec ceux et celles ayant des objectifs
communs, les conditions de ce dépassement.
Les squats apparaissent
donc en même temps comme une mise à l'abri des exclus du système
et comme apprentissage d'une vie collective indissociable de
l'apprentissage de l'autonomie individuelle. Les vieux réflexes
autoritaires, hérités de siècles de domination, de s'imposer par
la force sont toujours présents. La tentative d'imposer aux
communautés et aux personnes présentes un consensus de vivre
ensemble nous guette.... c'est à nous de ne pas y succomber.
Au "Village",
la vie entre les différentes communautés avaient trouvé son
équilibre; les pouvoirs ne pouvaient tolérer que ça se passe sans
eux; il leur fallait réaffirmer que leurs propres lois, leurs
propres codes, leurs modes de fonctionnement étaient les seuls en
vigueur; ils l'ont réaffirmé de la seule façon qu'ils connaissent
: celui de la force brutale et de façon à impressionner durablement
(terroriser) la "populace": une compagnie de CRS en tenue
anti-émeute.
Plutôt que de laisser
des communautés vivre, apprendre, s'organiser ensemble, ils ont
préféré les renvoyer à l'insécurité sociale.
PJ
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