samedi 13 juillet 2013

La force brutale comme seule réponse démocratique ?

 Une fois encore, les pouvoirs publics ont eu recours à la force pour « résoudre » un problème qui se posait à eux. La question n'est pas de savoir s'il y a suffisamment d'hébergement d'urgence ; la vraie question porte sur l'accompagnement social. Pour certaines personnes, notamment les étrangers qui ne maîtrisent pas ou mal la langue française, le logement doit se coupler d'un accompagnement social.

Les pouvoirs constitués veulent contrôler les populations "à risque" à moindre coût. La mairie d'Angers pérennise l'insécurité sociale des populations les plus fragiles et c'est bien ce qu'on lui reproche; ce n'est pas une question financière mais politique et elle choisit clairement son camp. Plutôt que d'avoir le courage politique d'envisager des alternatives pérennes pour les sans abris, elle préfère pérenniser l'urgence et l'insécurité sociale et, pour les déviants qui refusent l'exclusion, la répression des lieux de vie qu'ils auront créés.

Répression qu'illustre une nouvelle fois, l'expulsion du "Village"; ces expulsions qui ne cessent d'alterner avec les réouvertures de nouveaux lieux de vie n'ont pour but que déstabiliser l'organisation de foyers de vie qui échappent aux pouvoirs constitués. Le corollaire est le terrorisme des interventions; déploiement de forces policières disproportionnées, usage de chiens, stigmatisation dans les médias.

Pour se justifier de l'intervention, elle invente des situations chaotiques: amoncellement d'ordures, bagarres, etc... qui n'existent pas ou plus mais satisfont l'électeur moyen enfoncé dans ses propres problèmes.

Celui qui s'arrête deux secondes sur cette spirale de causes à effets pour réfléchir un peu se rend vite compte qu'une fois mis de côté les mensonges, faux semblants, mises en scène, ne subsiste que la réalité nue de leur incapacité de contrôler à la satisfaction réciproque, certaines populations. Alors ne pouvant les contrôler, on les empêche de vivre en ce sens qu'on les empêche d'envisager un avenir.

Quand je parle d'alternative à la question, je ne parle pas seulement du logement mais tout simplement d'alternatives de vie. La démocratie apparaît pour ce qu'elle est : la liberté de choisir ceux qui vont dominer les autres. Choisir son propre maître apparaît comme la limite ultime du système démocratique; à nous de préparer les conditions de son dépassement afin que l'individu soit son propre maître; c'est la définition même de la liberté; cela suppose pour l'individu comme pour la collectivité dans laquelle il se reconnaît, d'assumer la responsabilité de cette liberté; Cela suppose également d'avoir les moyens d'exercer l'une comme l'autre. Les électrons libres, transcendant les sujétions tant des dominants que des idéologies, prépare avec ceux et celles ayant des objectifs communs, les conditions de ce dépassement.

Les squats apparaissent donc en même temps comme une mise à l'abri des exclus du système et comme apprentissage d'une vie collective indissociable de l'apprentissage de l'autonomie individuelle. Les vieux réflexes autoritaires, hérités de siècles de domination, de s'imposer par la force sont toujours présents. La tentative d'imposer aux communautés et aux personnes présentes un consensus de vivre ensemble nous guette.... c'est à nous de ne pas y succomber.

Au "Village", la vie entre les différentes communautés avaient trouvé son équilibre; les pouvoirs ne pouvaient tolérer que ça se passe sans eux; il leur fallait réaffirmer que leurs propres lois, leurs propres codes, leurs modes de fonctionnement étaient les seuls en vigueur; ils l'ont réaffirmé de la seule façon qu'ils connaissent : celui de la force brutale et de façon à impressionner durablement (terroriser) la "populace": une compagnie de CRS en tenue anti-émeute.

Plutôt que de laisser des communautés vivre, apprendre, s'organiser ensemble, ils ont préféré les renvoyer à l'insécurité sociale.

PJ

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