À LA DISTRIB'
Chaque soir à 18h, c'est
la distribution de repas pour les exilés. Parmi eux, les expulsés
du squat de la rue Mouron. Jeudi, c'est le désarroi qui l'emporte
(l'expulsion a eu lieu jeudi matin), après une journée d'errance
dans la ville et avec l'inquiétude d'où dormir le soir.
Vendredi la tension est
palpable après une deuxième journée d'errance, avec le retour de
la pluie, le manque de sommeil de ceux qui ont tenté de fermer l'œil
dans un fourré, sur un banc ou sous un pont, ou de ceux qui se sont
abrités dans l'ancien hôpital et ont été réveillés par la
police au milieu de la nuit et arrêtés au matin. Et pour ceux qui
étaient devenus accrocs du stock d'alcool abandonné dans le squat
de la rue Mouron (un ancien cash and carry, d'où son surnom : «
Beer House ») le manque lié au sevrage. La faim s'ajoute à tout
cela, dans le squat il était possible, maintenant le repas de six
heures est le seul de la journée. La tension est palpable, une
bagarre manque de partir pour un rien. Samedi soir la tension est
moins marquée, le samedi il y a aussi un repas le midi. Mais la
fatigue c'est accrue et l'amertume creuse les traits. Beaucoup sont
désorientés et en demande de tout, les nouveaux arrivent dans un
monde sans repère.
Et les bénévoles
gèrent. Comme d'hab', à chaque fois qu'un ministre, un préfet ou
la maire décident de jeter les exilés dans le chaos. On ne sait
même plus vraiment si c'est Besson ou Valls qui doit venir à Calais
ces prochaines semaines, tant les ministres se succèdent et se
ressemblent, tant les expulsions en série de campements et de squats
à Calais semblent être un exercice obligé de tout ministre de
l'intérieur en quête d'ascension.
Les bénévoles gèrent,
mais digèrent de plus en plus mal.
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